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quelques menues pensées sur le temps qui passe

quelques menues pensées sur le temps qui passe

plagette

L’Estartit, Catalunya, avril 2010

J’ai beau compter dans tous les sens, j’ai bien 43 ans ce matin. Mine de rien j’ai dépassé la moitié de ma vie et ma jeunesse est condamnée à un exil atroce. Qu’ai-je fait de tout ce temps ? Je n’ai pas le temps de chercher la réponse.

Il faut avoir du temps devant soi pour écrire pleinement sur la vie pleine. Mais quand la vie déborde, il n’est plus temps d’écrire. Ecrire, ce n’est pas vivre. Et je m’en plains.

Je reçois depuis plusieurs jours des spams de l’office de tourisme de Tahiti. Ses plages, ses palmiers, ses vahinés me tendent les bras. J’aimerais voler à leur secours, malheureusement d’autres affaires encore plus graves que l’isolement tropical me retiennent ici. Quelqu’un se dévoue ?

Il faudrait accepter le destin comme le prix à payer d’une vie aussi belle qu’aléatoire. On ne prend pas moins de risques à l’acheter en solde.

J’aurai beau compter dans tous les sens demain, j’aurai encore à peu près le même âge. Je vais tâcher de renouveler l’expérience régulièrement pour entretenir ma mémoire de la vie. Je devine déjà qu’il y aura un âge où je ne saurai plus trop compter. On ne peut pas compter sur le temps très longtemps.

La nature est bien faite : le temps efface jusqu’à notre mémoire pour ne plus avoir à affronter la nostalgie.

« La nostalgie que je ressens n’appartient ni au passé ni au futur » : en cherchant encore un peu, Fernando Pessoa aurait pu inventer la machine à arrêter le temps s’il n’était pas mort à 47 ans.