à part soi

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tanpouri

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Moldovita, Bucovine, Roumanie, juillet 2010

Détrempe-toi. Mouille-toi pour la vérité d’aimer.

J’aime moins les histoires que les mots qui les tracent. Ces mots qui réveillent d’autres histoires, secrètes, brigandes, qui n’existent que par soi. Ce que raconte un roman n’est jamais aussi intense que la musique intime qui le trame. Si la chanson résonne bien après avoir refermé les pages, si elle se propage sur une grève de brume, s’échappe dans une rue déserte et vient encore s’enrouler sur ta nuque offerte, c’est que le livre était fort.

L’indifférence, c’est un silence en pente molle.

Il y a des jours avec, et il y a des jours sans. Et ce sont les jours qui ne comptent pas qui nous font vieillir.

Les oiseaux ont doucement éteint le transistor. Maintenant c’est un concert de silences et d’étouffements, à peine éraflé par des criquets malingres, qui roule des feuillées. Immanquablement l’été trompe les attentes. Saison qui voue au soleil son triomphe, elle décharne et décolore sous couvert de bacchanales et de lumières. Ces plages dont on rêve toute l’année sont là pour ensevelir les débris d’une grande catastrophe de sentiments provisoires et de plaisirs conditionnés. Les bourrasques d’octobre révèleront tout, et nous n’aurons que la pluie pour pleurer le désastre.

« Allan, je vous en prie, quittez ce ton dérisoire, faites cesser ce scandale irritant que vous portez partout. Ne pouvons-nous parler sérieusement? Je vous le demande en toute sympathie. » (Julien Gracq, Un Beau Ténébreux)