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le bruit des carrioles

le bruit des carrioles

biertan

Biertan, Transylvanie, août 2010

Finalement, je ne sais pas si un voyage m’aura rendu plus mélancolique que la Roumanie. En feuilletant l’album photo (très peu d’images, beaucoup de sépias), je replonge dans un drôle d’état d’esprit, rythmé par le bruit des carrioles sur les nids-de-poules. La Roumanie a exhaussé le regret d’un autre monde, le regret d’un chemin collectif avec un peu plus de sens. Je ne sais pas comment ce pays pourrait trouver l’élan d’échapper à ce qu’il est aujourd’hui, coincé entre les noirs chicots de l’ère socialiste et les fondations déjà gâtées du libéralisme. Bien courageuse serait celle qui oserait lui prédire une autre voie. Je vois mal une jeunesse monter au créneau comme dans les pays arabes : la jeunesse roumaine n’existe pas. Les 18 – 30 ans désertent, ils préfèrent s’éparpiller sur le marché du travail européen plutôt que de combattre chez eux sur un front qui semblait jusque là truqué. Le pays paraît s’effondrer doucement sur lui-même, comme si sa douloureuse Histoire le retenait à elle.  Cette mélancolie roumaine, remarquez, est contagieuse. Quand je pense à ce qu’il pourrait advenir de la France d’ici mai 2012, c’est encore ce bruit des carrioles qui résonne sur mes idéaux creusés de nids-de-poules.