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et si ce n’était pas moi ?

et si ce n’était pas moi ?

le singe

Gudimilanmalai, Tamil Nadu, juillet 2008

Les singes sont des hommes comme les autres. En Namibie, j’en ai vu un qui pensait comme celui-là, sculpté par Rodin, assis sur une grosse pierre, la tête posée sur sa main ouverte, le regard perdu dans le lointain. En Malaisie, c’était encore plus drôle. Trois macaques s’étaient introduits dans la voiture. Deux d’entre eux pillaient les sacs posés sur la banquette arrière tandis que le troisième, installé à ma place, faisait semblant de conduire, les mains posées sur le volant, avec des cris qui imitaient le bruit du moteur. Ce soir, après trois semaines sans week-end, je suis un singe comme un autre. Pensif, perdu dans le lointain de mon bureau, à faire mine de conduire ma vie. Où que j’avance, où que je tourne, le monde reste le même. Mes frénésies, mes passions, mes défaites balisent des routes que j’ai empruntées sans connaître le décor à l’avance. Je n’ai pas provoqué les événements les plus marquants, ils ont surgi d’eux-mêmes dans le hasard indéchiffrable des mouvements. Tout juste ai-je réussi à prolonger quelques joies, à les partager parfois. Comme chacun, ni plus ni moins, au fond. La vie reste une aventure impersonnelle, que l’intuition du gouffre, appelons-la conscience, habille en expérience intime.