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l’or des forêts (#2)

l’or des forêts (#2)

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forêt primaire à Bali, août 2013

Gigantesque laboratoire sensuel, disais-je. A chaque fois qu’une forêt m’accueille, je me sens nu. Dépossédé de mes vigilances, débarrassé de toute inquiétude, dans mon plus simple appareil passionnel. J’entre en ces forêts avec cette longue patience qu’elles guident, d’un chant d’oiseau, d’une ombre furtive. L’homme qui s’aventure sous la feuillée par ses chemins étroits bientôt n’avance plus. Non, il s’enracine. Chacun de ses pas l’enfonce un peu plus loin dans la terre de ses origines, vers le grand matin de sa vie.

Il y a sur les sentiers de la forêt le désir qui gonfle de voir arriver quelque chose, on ne sait pas trop quoi, et le plus souvent le désir est comblé. Le bond d’un chevreuil, un filon de chanterelles, le premier coucou du printemps font immanquablement la surprise : dans la forêt, la vie est toujours en avance de quelques minutes sur l’imagination. C’est encore plus vrai dans la forêt primaire, comment mieux la nommer, où tout recommence, où tout précède, où tout n’est que pulsion d’aube, et la lumière utérine.