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l’or des forêts (#3)

l’or des forêts (#3)

forêt primaire à Bali

forêt primaire à Bali, août 2013

On ne regarde rien de haut dans la forêt. Ce sont les arbres qui nous toisent et nous nous contentons de mesurer leur majesté. La forêt supplante toutes les religions : elle se suffit à son culte et à sa gloire puisque son ciel est la canopée. Sous son temple accourent toutes les confessions, plumes, poils, écailles, tantôt dans un divin recueillement, tantôt dans un concert haletant de cris, de grincements et de roucoulades. L’homme qui s’invite à son cantique ne saurait en déchiffrer la partition, ne serait-ce que parce que la forêt est traversée par un désir de mutation perpétuelle qui se situe hors du temps humain.

La forêt ne finit pas de changer, au rythme des branches qui s’évasent et s’élancent encore. Que l’une d’elles tombe, et c’est un arpège de lumières nouvelles qui s’égrène jusqu’au sol, bouleversant la vie au pied de l’arbre. Le seul moyen d’essayer de frôler le désir des forêts est de le regarder passer. Comme un rêve, c’est-à-dire humblement. Peut-être qu’il nous entraînera dans sa pureté.


« Dans ses embranchements, l’arbre tient la peau du monde. » (Jean Giono)