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le tarin : en avoir ou pas

le tarin : en avoir ou pas

Gros-Bec cassenoyaux (Coccauthrostes coccauthrostes), chez GEASTER, février 2013
Tarin des aulnes (Carduelis spinus), id.

L’un l’a gros, l’autre tout petit. Soit: cela fait partie des inégalités naturelles qu’il faut savoir accepter. Mais autant le Gros-Bec porte un nom descriptif, autant le Tarin usurpe un tantinet son identité : de nez, que nenni! Encore une bizarrerie dans la science des noms d’oiseaux.
A la limite pour le Tarin, je peux comprendre : il a un nom de compensation. Un nom-talonnettes. Son sobriquet rappelle que son bec, aussi discret soit-il, existe bel et bien. Si par mégarde il l’avait oublié lui-même, le Tarin n’a qu’à ouvrir son passeport: il en a bien un, c’est écrit en toutes lettres. Etait-il nécessaire en revanche de faire remarquer au Gros-Bec qu’il l’a au milieu de la figure? Déjà tout penaud d’être appendiculé de la sorte (c’est un oiseau maladivement farouche), on l’inhibe un peu plus en le baptisant en référence directe à son hypertrophie nasale. On imagine les souffrances qui sont les siennes: il doit ronfler comme une tronçonneuse et ressembler à une navette spatiale quand il s’enrhume. Dès lors ce nom de Gros-Bec n’est plus seulement déplacé: il respire réellement la moquerie abjecte.