à part soi

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gai comme un pinson triste

gai comme un pinson triste

Pinson des arbres (Fringilla coelebs) dans le jardin enneigé chez GEASTER, Isère, février 2013

Celui-ci avait endossé son costume de mariage, paré de couleurs déjà vives et portant fier sa petite casquette. Mais, bec triste et fermé, il ne semblait pas bien dans son assiette. Il n’avait que faire des graines de tournesol que je lui tendais en toute amitié. Quelque chose le préoccupait davantage que ma simple et patiente présence. Parfois une impression me gagne : les oiseaux portent le sentiment de cette Terre qu’on détruit. Fatigués de voler, ils s’en remettent soudain à une sorte de mélancolie qui plombe leur grâce naturelle. J’ai appris quelques heures plus tard que la Chine était en train de décapiter 700 montagnes du Grand Ouest pour édifier des mégalopoles, dans le mépris le plus brutal pour l’environnement, les fleurs, les oiseaux et les millions de paysans accrochés à ces pentes. Le savait-il avant moi? Une effroyable catastrophe en marche, une de plus, après l’épuisement des forêts tropicales, l’éventration des océans et bien d’autres crimes. Les oiseaux ne chantent pas pour rien. Ils se disent les choses, se transmettent leurs inquiétudes et leur désarroi, de proche en proche, d’un pays à l’autre. Ils ont encore la force de ressortir leurs costumes de couleurs à chaque printemps, s’efforcent de jouent les dandys et les zazous. Mais les zazous tristes.