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états de choc (1)

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Cat Tien, Crocodile lake, Vietnam, août 2012

Des clients, des amis griffonnent souvent « à très vite » à la fin des e-mails qu’ils m’envoient : la signature d’un temps qu’ils se grisent d’accélérer ? L’impression qu’ils veulent se donner de mieux posséder leur vie ?

La vérité est que nous sommes tous contraints de mettre davantage de tâches dans une seule et même journée. Nous brassons de l’écume dans un océan d’exigences et le vivons plus ou moins bien. « A très vite » trahit un malaise : on ne sait plus dire « à bientôt » parce que notre rapport au temps s’est déformé. Sur le cadran de la montre, les aiguilles semblent s’affoler : efficacité et compétitivité donnent l’heure, rythment les jours (et les nuits parfois). La trotteuse est une jument qui a mangé de la vache enragée. Les moments de résonance se raréfient. Dans cette course contre les délais imposés, notre connaissance des « contextes » s’épuise, nous ne prenons du réel que ce qu’il laisse à la volée, comme les franges d’un maigre pompon sur un manège qui s’est emballé.

Quel temps nous reste-t-il à la fin du jour pour comprendre le monde tel qu’il est, quelle disponibilité pour l’écoute, l’émerveillement, l’amour pour l’autre? En réaction à la dictature du temps et à son langage insidieux (« suis-je vraiment libre de travailler jusqu’à minuit tous les soirs ? »), ce blog va le prendre, son temps à lui, et jouer de lenteurs, de contemplations et des sommeils du monde, au fil des images à suivre. A bientôt, à plus tard.