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las vegas parano

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Las Vegas, Nevada, août 2009

Il y a quatre ans, un premier projet de Las Vegas européen faisait la Une des journaux espagnols. Gran Scala, au coeur des steppes pleines d’oiseaux de l’Aragon, soulignait l’incapacité de l’Espagne à dépasser son modèle de développement, centré depuis la fin des années 1950 sur une spéculation immobilière outrancière. Le projet n’a pas abouti et l’on s’est dit que le pays allait peut-être, dans la tempête économique, s’inventer un avenir plus respectueux de son identité et et de ses derniers espaces naturels.

Las ! Voilà qu’un nouveau complexe au doux nom évocateur d’Eurovegas menace de s’installer, peut-être près de Madrid ou dans le delta (protégé) du Llobregat, vers Barcelone, on ne sait pas encore. Le projet est farouchement soutenu par les politiques des deux bords, sous prétexte qu’il faut relancer l’économie et créer de l’emploi à tout prix. Je ne gloserai pas davantage sur cet acharnement dans la démesure. Je laisse plutôt la parole à ce très grand poète catalan Jaime Gil de Biedma. Dans Apologie et requête, il a notamment écrit ceci, il y a déjà une cinquantaine d’années :

« De toutes les histoires de l’Histoire,
La plus triste est sans doute celle de l’Espagne,
Car elle se termine mal. Comme si l’homme,
fatigué de combattre ses démons,
sacrifiait enfin à leur compétence
l’administration de sa pauvreté. »