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le sentiment des marbres

le sentiment des marbres

statues

Piazza della Signoria, Firenze, Italie, janvier 2010

Retrouver Florence vingt-huit ans après mes quatorze ans, retrouver Florence vingt-huit ans après Sophie. On ne marche jamais de la même manière sur ses propres traces. La ville n’a pas tellement changé, elle est juste un peu plus petite qu’hier. J’ai bien essayé de calquer mon souvenir sur elle, ses rues n’ont réussi qu’à me perdre. Il m’a fallu plus d’une fois tout reprendre à zéro, revenir sur mes pas, j’ai annoté mes plans, marché longtemps, brisé mes semelles sur les pavés disjoints. Et j’ai vu de Florence bien plus que je n’avais cru voir alors. Mais l’ai-je autant aimée ? Ce qui s’ouvre aujourd’hui sous mon regard s’émiette en même temps : tout ça se fige dans de l’histoire ancienne, dans de l’art souvent primitif, sur des listes de patronymes désuets. Quand j’avais quatorze ans, j’en savais bien moins et pourtant le vide n’existait pas. C’était « seulement » du mystère et ce que j’ignorais encore restait à portée de jambes. Aujourd’hui ma curiosité est un tamis à mailles trop fines. Elle s’empresse de nommer des choses, des statues, des peintures, des églises et s’émeut d’elles avec la même appétence qu’inspire la recette des tagliatelles aux funghi porcini.