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l’écriture ou la vie

l’écriture ou la vie

epaule

San Francisco, août 2009

Elle tenait un carnet. Comme on tient à un ami imaginaire. Elle tenait le carnet fort dans ses mains pour se raccrocher à la vie. Et en tournant les pages, elle avait l’impression que sa vie avançait. Les petits carnets rangés serrés sur l’étagère organisaient sa vie en tranches, lui donnaient du volume, redécoupaient ses jours.

Mais à noircir trop de pages, on finit par se faire un sang d’encre. L’écriture pour soi ne ramène à rien de joyeux. Sans un regard extérieur pour l’éclairer, l’écriture tire peu à peu vers l’absurdité du monde ou à sa mélancolie. Et c’est pour ça que tous les poètes se suicident. Noyés dans l’absinthe, pendus par le remords de n’avoir su écrire que pour eux-mêmes.