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noms d’oiseaux

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Trogon narina (Apaloderma narina), Wilderness, Eastern Cape, août 2014

 

Mouette de Sabine, Moineau de Nelson… Soucieux d’immortalité, les naturalistes ont assez souvent donné leurs noms aux oiseaux qu’ils ont découverts. A titre d’exemple, le savant américain Spencer Fullerton Baird vole depuis plus de 150 ans avec un Bécasseau et un Bruant (avec un Tapir aussi, mais on ne peut pas tout à fait parler de Tapir volant). Même chose avec l’Italien Franco Bonelli, qui s’est carrément payé un Aigle. Sans doute pour compenser une existence cacochyme : souffrant de rachitisme, Franco Bonelli mesurait 1m37, soit trente centimètres de moins que l’envergure du rapace.

L’ornithologue allemand Christian Brehm a quelque peu modifié ces dispositions testamentaires. En 1857, ses deux fils Alfred Edmund et Reinhold Bernhard découvrent avant lui une nouvelle espèce d’alouette dans les steppes du Maghreb. Se sentant outrageusement doublé par ses rejetons, Christian Brehm décidera quand même de nommer l’oiseau, en lui attribuant non pas son patronyme, mais le prénom de… sa fille. Ainsi fut créé le Cochevis de Thékla. Ce qui est certes beaucoup moins difficile à porter que le Cochevis d’Alfred Edmund et Reinhold Bernhard, mais qui sonne aussi comme une manière de couper le sifflet à ses deux fils.

Quant à ce joli Trogon narina, hôte discret des forêts d’Afrique, l’histoire de son nom relève carrément d’une rumeur adultérine qui persiste encore de nos jours. C’est un certain James Stephens qui a décrit l’espèce en 1815, mais ce dernier s’est amusé à cafter : Narina serait tout bonnement le prénom de la maîtresse de l’explorateur François Levaillant. Un sacré cumulard d’ailleurs, ce François-là aussi, qui s’est offert pas moins de six noms d’oiseaux du monde entier. Dont un Coucou.