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rue-des-couleurs

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Elim, Western Cape, 16 août 2014
Vers midi, après une matinée par les chemins côtiers gavés d’oiseaux, nous échouâmes, sur la route de Mossel Bay, dans cette bourgade encombrée de travaux. Maisons alignées comme celles des ouvriers autrefois en France, chacune avec un jardinet rudimentaire sans fleurs. Des enfants qui jouent ou qu’on promène jusqu’à l’épicerie, deux-trois voitures à la carrosserie rutilante autour desquelles s’agrègent quelques vingtenaires. Notre passage étire de brefs gestes de la main, simplement polis, quand cette main ne s’agrippe pas à un téléphone portable ou une bouteille de Coca-Cola. En somme rien que du très banal dont a surgi cette image à la volée, qui pourrait résumer bien des impressions cueillies dans ces petites villes d’Afrique du Sud. Sauf qu’Elim est animée par une communauté de Malais du Cap qui nuance les visages et l’histoire. Ses habitants rappellent avec quelle puissance la Compagnie néerlandaise des Indes orientales a façonné le monde il y a trois ou quatre siècles, lorsqu’elle sillonnait les mers sur des galions lestés d’esclaves de l’archipel indonésien. Le commerce humain est à peu près aboli aujourd’hui, mais en fait la domination a simplement changé de visage. Par les quelques éléments plastiques qui jonchent cette scène, il est facile de comprendre que les peuples restent assignés à des contraintes autrement sournoises.