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l’impossibilité d’une ville (#1)

l’impossibilité d’une ville (#1)

dubai

Août 2014

Brumeuse, pas rêveuse. Active, mais sans âme. Chaude, brûlante, invivable sans le secours de l’air conditionné. Même les arrêts de bus sont des blockhaus climatisés. Dubaï doit plaire aux amoureux des rectitudes, aux esprits cartésiens et aux aspirants nouveaux riches. On peut se laisser séduire quelques heures par le foisonnement des vaillants gratte-ciel, le vertige de leur architecture, la folie qui se niche dans ce projet né il y a douze ans à peine. On ne peut pas se passionner longtemps pour le vide sidéral de ses rues, ses quartiers inertes ou son bord de mer sans dune ni mouette. Dubaï est l’anti-New York : un concept qui ne doit rien à la ferveur créatrice de la Grosse Pomme ni aux tumultes de l’Histoire mondiale, seulement à une nécessité financière. Il s’agit pour l’émirat de surmonter sa proche pénurie pétrolière en pariant sur un nouveau modèle économique : la construction orthonormée d’une destination touristique haut de gamme. Figée dans son temps hors du temps, Dubaï serait plutôt un Las Vegas in progress, un mirage dans le désert. Le capteur de l’appareil ne s’est pas subitement déréglé. Les images réalisées là-bas reproduisent sans retouche aucune l’impression spéciale imposée par ce lieu sans ombre ni lumière, où voltigeait ce matin-là un fin rideau de sable.