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la promesse d’une fin

la promesse d’une fin

Grenoble, juillet 2011

 

C’est toujours la fin de quelque chose, même si on ne le sait pas. A chaque instant tout près de soi, un espoir se brise, un enfant s’arrête de rêver, un amour fait plop. Les jours vont de fin en fin. La fin donne au monde son rythme affectif. Et au dedans de nous, c’est pareil : une trace blanche sur la mémoire, un souvenir qui ne reviendra pas, une cellule du cerveau qui ne sera plus remplacée. Chacun porte une fin en lui-même. La preuve, on aime les tableaux de ces ciels d’automne ruinés de pluie, on est fasciné devant ces grands bateaux chavirés, on pleure de joie après la dernière éraflure d’un violoncelle, quand la petite lumière s’éteint sur la scène. On s’étourdit à dire « c’est fini », d’un air toujours un peu affecté, parce qu’on chérit sans se l’avouer le spectacle du fil qui rompt au-dessus du vide. « C’est fini » : le vertige du rien comme une tension nourricière, un serment de lâcheté, une reddition aux ombres du temps. La fin prolonge l’aventure qui nous lie à l’indéfini.