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garder la flamme

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torche

Chambarans, Isère, novembre 2014

« Il y a des moments de combat, d’autres de résignation. Surtout ne pas montrer ce sentiment de défaite qui gagne certains jours, quand le monde entier semble courir à rebours des certitudes que l’amour, les voyages, la musique nous chuchotent.

C’est dans le combat qu’on éprouve le mieux la beauté du monde.

Le combat, ce n’est pas l’affrontement, pas plus que la sagesse n’est renoncement. Combattre pour un monde meilleur, c’est se convaincre d’abord soi-même chaque jour de l’indépassable poésie qui nous surplombe – et se laisser frôler par elle, comme une femme amoureuse au premier instant où elle ose. La hardiesse, la grande liberté contemporaine, c’est apprendre à s’ouvrir aux joies silencieuses, les plus précieuses maintenant que nous en connaissons la rareté : dans l’étoile de givre qui s’attarde sur la vitre, dans la fuite rousse d’un goupil en maraude, dans l’éraflure secrète de l’écorce du frêne. Il n’est de meilleur psychanalyste que le vent dans la ramée, ni de plus fidèle confidente que la langue d’écume sur le sable. Le sentiment de s’accorder avec le monde, de vivre en lui, inspire une force, une exultation qui n’ont d’écho que dans le sourire et l’étreinte.

C’est ce combat, la préservation de la beauté, la promotion du vivant, qu’il nous faut tâcher de mener, et tant qu’il nous sera donné la force, la vérité d’aimer les autres. Joyeux Noël à toutes et à tous. »

(texte publié une première fois pour le blog Avant La Lettre en décembre 2007 sous le titre deleatur – certains mots portent une résonance particulière sept ans plus tard.)